La presse a annoncé (journaux, web, tv) la semaine passée que les riverains concernés par les expropriations du tracé de la liaison CHB devraient recevoir un courrier à ce sujet de la Région Wallone (Comité d‘acquisition), pour leur proposer un rachat à l’amiable. Retour sur l’historique et les enjeux de ces expropriations.
Nous comprenons que les propriétaires soient de plus en plus lassés par la situation dans laquelle ils sont placés depuis des dizaines d’années par la Région wallonne à cause du « gel » de leur propriété pour l’hypothétique projet CHB.
Nous ne pouvons bien sûr pas les empêcher de chercher une issue à cette situation, si la Région a les moyens de les dédommager dans des conditions convenables. A ce stade, à défaut de libérer la zone de réservation, les autorités sont dans la quasi obligation de faire ce genre de proposition afin de se soustraire à de nouvelles plaintes qui pourraient coûter à la Région. Cela a fait l’objet d’un précédent, avec une condamnation de la Région Wallonne par la Cour de Justice Européenne, dans le cadre du gel prolongé abusivement d’une propriété située sur le tracé de CHB, au motif du non-respect des droits de l’homme. La propriétaire concernée avait alors obtenu en dédommagement un franc symbolique…
Quant aux rachats/expropriations à l’amiable, ils ont déjà été lancés en son temps par l’ancien ministre Jean-Pierre Grafé sous le vocable d’ «expropriations sociales » (années 1980). Plus récemment feu le ministre Michel Daerden avait signé des arrêtés d’expropriations (2003?), qui n’ont pas été mis en application à défaut de mise en œuvre du chantier CHB (2007), ce pourquoi ils ont ensuite été radiés par le ministre Benoît Lutgen…
Quant à nous, en tant qu’opposants au projet de liaison CHB, nous constatons que ce projet, (porté par des intérêts liégeois qui ne sont pas dans l’intérêt de Liège ni de sa région…), a été maintes fois discuté, reporté, refait, décidé de fait, etc. Depuis plus de 40 ans ce projet suscite les critiques qui ne font que se renforcer avec le temps. Elles devront donc, en toute logique, aboutir au renoncement à ce projet.
A titre d’exemples:
- Pour l’environnement: destruction partielle importante d’un espace naturel irremplaçable sur les versants de la vallée de la Vesdre (le plus proche de la ville de Liège). Une superficie de 80 hectares repris en zones protégées Natura 2000 sont directement voués à la destruction par le projet de liaison CHB. D’importantes zones voisines ont aussi été écartées de Natura 2000 à cause de leur proximité avec le projet CHB.
- Pour la mobilité : la liaison CHB n’est pas une solution pour le désengorgement de la Dérivation et du tunnel de Cointe. Pour la Dérivation, un comptage officiel (2016) a montré que la plus grande partie du trafic est de type local (véhicules n’ayant pas pu être comptés 2 x : à l’entrée et à sortie). Il en va de même pour le tunnel de Cointe, qui est aussi encombré aux heures de pointes, par le trafic entrant ou sortant de la ville de Liège, car il sert surtout de desserte locale pour la ville de Liège. Il ne sera donc pas beaucoup moins encombré aux heures de pointe en cas de mise en service d’une liaison CHB.
- Pour le socio-économique : la liaison CHB représente une menace évidente pour la désurbanisation de Liège et de Verviers (perte de revenus, appauvrissement, fracture sociale, etc.), au profit de la périurbanisation de la périphérie (destruction d’espaces verts, mobilisations de capitaux en infrastructures, impétrants et transports, augmentation des files aux heures de points, etc.). Indépendamment du coût de la liaison proprement dite, cela représenterait un gaspillage considérable de moyens financiers nécessaires à la relève de la région liégeoise. Cette problématique a été signalée de longue date par le CPDT (Conférence Permanente pour le Développement du Territoire).
Pour plus de détails, n’hésitez pas à consulter notre documentation et à nous contacter.
Voir l’article de la RTBF sur les expropriations du tracé de l’autoroute CHB